Épisode 5

La joie d'être libre, cette exaltation de voir la mort s'ouvrir à nous, cet… était de courte durée ! De très courte même. J'avais décidé de suivre ma mère qui entra dans le bureau d'un de ses collègues. Ce collègue, pas bien beau, pour ne pas dire carrément laid ! Bref, leur discussion a commencé tranquillement et j'attendais à côté de la porte que ma mère ressorte. Mais cette même discussion s'est éternisée, et ça dû à l'imbécillité de CE collègue ! Pas doué le mec, je peux vous le dire. Alors, moi qui avais marre de rester comme un piquet à côté de la porte, j'ai décidé de faire un tour des lieux, pas intéressant, mais pas du tout ! Et ensuite, ce qu'il se passait dehors m'a beaucoup plus intéressé ! Il venait d'y avoir un accident, les deux automobilistes se crêpaient le chignon, c'était marrant ! Manque de pot, c'est là que ma mère a mis terme à la conversation et est partie ! Je l'avais manqué et je restais coincée dans le bureau ! Un véritable enfer ! Oh non, ce mot est trop fort quand même !
Je suis donc restée là à la regarder, à subir cette sentence pour le moins originale mais dégoûtante. Monsieur était un porc, un vrai de vrai ! Voici la liste de ses activités préférées au bureau : se curer le nez, péter, lancer de panier avec des boules de papiers et beaucoup d'autres ! Rien que d'y repenser, j'en ai la nausée ! Maintenant, je sais que c'est l'un des côtés désagréables que j'ai découvert dans la mort ! Heureusement, il y en a des plus agréables !
Et pendant une de ces activités, ma mère est revenue, re merde, j'avais loupé une deuxième fois l'occasion de sortir ! Je devais encore rester à le regarder et à voir ma mère parler sans une seule allusion à moi ! Je détestais vraiment cette journée. Donc quand ma mère est entrée, il s'est remis devant son ordinateur, style de "moi, bien sûr, je travaille" !!!
- Jules, tu as le dossier de madame Karpouïk ?
Cette fois, ma mère ne passait pas par les quatre chemins ! Je crois qu'elle non plus ne pouvait le supporter !
- Je vais te l'imprimer.
Je lui donnais une minutes avant de trouver le bon endroit pour dire ce qu'il avait dit qu'il ferait ! J'étais trop gentille ! Il en a pris près de trois ! Quand l'imprimante se mis enfin en route, il se tourna vers ma mère.
- Alors, ça va ?
Question idiote puisqu'il venait de la voir ! Qu'est-ce que vous voulez, il y en a des pas futés, que ce soit chez les filles ou chez les garçons ! Moi même, enfin, bref, passons !
- Tu fais exprès de me demander ça ?
Ma mère avait eu la même idée que moi, question idiote puisque vue plus tôt ! Elle avait même été agressive envers lui, mais je n'allais pas le blâmer ! Il n'était pas doué pour draguer, c'est tout !
- Non ! Pourquoi cette agressivité ! Ça ne va pas avec ton beau...
Idiot jusqu'au bout des ongles !
- Ma fille vient de mourir et tu me demandes si ça va !
Je me trompais, elle n'avait pas été agressive pour les mêmes raisons ! En plus elle venait de parler de moi ! Oui, ENFIN ! J'avais bien existé ! On m'avait connu et supporté ! Ouiiiiiiiiii ! Là, mes oreilles s'étaient grande ouvertes et j'attendais.
- Voilà le dossier.
Elle avait parlé de moi, elle avait parlé de moi, elle avait parlé de moi ! Et… mince de mince de mince ! Elle était déjà ressortie avec le dossier ! Ah ben c'était malin ! Je n'avais plus qu'à écœurer encore et encore ! Mais maintenant, il était temps de s'amuser un peu ! Je me suis levée et je suis allée près de lui, pour lui murmurer à l'oreille.
- Ne t'approche pas d'elle, elle est mariée !
Qu'est-ce que vous voulez, je devais préserver le couple de mes parents ! Hihihi ! Et lui, il s'est contenté de marmonner je ne sais quoi avant de se pencher vers son bureau. Mais attention, "pencher" pas dans le sens "travailler", dans le sens "regarder les dessins qu'il avait fait plus tôt sur son sous main" ! Et moi, je me suis remis à ma place à côté de la porte, assise, pauvre de moi ! A la sortie des bureaux, il a quand même bougé son popotin, mais alors, lentement et qu'il prenait le temps de mettre sa veste et son manteau, et qu'il cherchait sa mallette et enfin il ouvrait la porte ! MIRACLE ! Mais il a fallu que je reste collé à lui, au moins jusqu'à la sortie ! Une fois dehors, il n'y a pas de mot pour décrire ce que j'ai ressenti ! Et en plus, Lauren se trouvait devant moi, elle devait me chercher.
- Angel ! Ouf, tu es là !
Effectivement, c'était le mot juste, OUF ! Mais d'un autre côté, une phrase qui ne servait à rien, où j'aurais pu être ? A part coincée avec un pauvre mec pendant des heures qui avaient semblées durer une éternité !
- Ben oui ! Tu voudrais que je sois où ?
Traduction de mes pensées à haute voix !
- Je ne sais pas ! Mais j'ai eu peur ! Je n'aurais pas du te laisser avec Cole !
Réponse !!! Ah Cole, avec le collègue, je l'avais complètement oublié ! Oui, enfin bon, on m'avait dit un balèze mais je n'avais rien vu de tel !
- Oh non ! Cole c'est du gâteau ! Mais mon inspecteur est spécial !
Ouais, Lucas, lui aussi m'était sorti de la tête ! Et son regard ! Ouais, impressionnant ! Eh mais ça fait deux fois que je mets "ouais" ! Promis, je ne le refais plus !
- Ah bon ! Pourquoi ?
Ahh là là, comment expliquer ? Comment expliquer alors que moi-même je ne pouvais le décrire !
- C'est bizarre à expliquer ! Disons qu'on ne se méfie pas de lui ! Il a un regard si doux et si tendre ! Très profond. Je me demande comment il est arrivé là !
Pas mal trouvé, je pouvais faire des efforts des fois !
- Je pourrais presque dire pareil de Cole, mais seulement quelque fois ! D'ailleurs, comment as-tu réussi à lui échapper ?
Personnellement, je ne voyais pas le point commun entre Lucas et Cole ! Mais bon, passons…
- Je lui ai envoyé le coup fatal ! Et il s'est plié en deux ! Mais il a lancé son ombre et cette dernière m'a fait un croche-pied ! Je suis tombé sur Lucas ! Mais quand je dis tombé c'est... Qu'est-ce qu'il y a ?
Je m'arrêtais, visiblement, Lauren avait un problème. Elle affichait une de ces têtes, triste, bouleversée, je savais pas trop mais ça me faisait bizarre car Lauren n'était jamais comme ça !
- Lucas ?
Lucas, elle avait un problème avec lui, mais pourquoi ? Ah, je lui avais pas dit que mon inspecteur était Lucas !
- L'inspecteur qui veut m'attraper pourquoi ?
- Non rien ! J'avais jamais entendu parler de lui c'est tout !
Je n'étais pas convaincue par sa réponse. Entre faire une tête qui ressemble à la tête de quelqu'un qui aurait vu un fantôme et faire la tête de quelqu'un qui ne savait pas de qui on parlait, il y avait une différence ! Mais qu'est-ce que je pouvais dire ? Je ne pouvais pas lui énoncer mes soupçons, elle aurait démenti et ça ne m'aurait pas avancé ! Je décidai de continuer mon histoire.
- Donc je me suis étalée sur lui et on a dévalé les escaliers ! Regarde mes poignets !
Toujours grands ouverts ! beurk ! Mais comment on peut avoir autant de sang dans un corps ?!
- Dès que tu te blesseras, tu souffriras de tes poignets car c'est par là que tu t'es suicidée !
Je lui lançai un regard noir.
- Oui oui, que tu es censée t'être suicidée !
Voilà, c'était mieux ! Une chose me tenait à cœur, je ne voulais pas qu'on m'accuse de m'être suicidée ! C'était en ce temps là !
- Il a failli m'avoir mais ma mère est passée et je me suis échappée. Je l'ai suivie ! Et j'ai dû subir mon erreur ! Je me suis retrouvée coincée dans le bureau de l'homme que je suivais. J'ai dû rester là à le regarder ! Quand monsieur ne travaille pas, ce qui arrive souvent, il fait plein de truc ! Ecœurants pour la plupart ! Je l'ai vu se curer le nez, beurk ! Ou alors lâchez des gaz, il en riait ! Il faisait des boules de papier et s'amusait à faire des paniers avec ! Quand il ratait la poubelle, il tapait du poing sur la table ! Et ma mère est arrivée à un moment ! Un moment où j'aurais pu échapper à ce porc mais je l'ai raté !
Ahhh, rien que d'y repenser, j'étais parcouru de frissons de dégoûts ! C'est quand même impensable de voir des gens comme ça non ? Je le revoyais encore faire ses singeries !
- Ah Angel ! Reviens parmi nous ! A quoi tu pensais ?
C'est comme ça les visions, les flash back, ils arrivent tranquille et on ne s'en rend même pas compte !
- A ma mère ! Je ne l'avais pas revue jusqu'ici ! Et elle a parlé de moi ! Elle avait même l'air triste que je sois morte.
Ouais, ma mère, je ne l'avais pas revu depuis, je répète, je sais mais ça m'a tenu à cœur aussi cette histoire et puis comme tout, les choses ont passé !
- C'est normal ! C'est ta mère !
C'est normal, c'est normal, c'était vite dit ! Je restais perplexe sur les propos de Lauren.
- Mais elle ne montrait jamais qu'elle m'aimait ! Ça me fait bizarre ! Et il faut que je sois morte pour le voir !
Si seulement elle me l'avait montré vivante, j'aurais peut-être été plus heureuse, plus épanouie, je n'aurais peut-être pas pris Lorelaï comme cible… Avec des "si" on pourrait mettre Vancouver en bouteille !
- C'est ça la vie ! Elle n'est intéressante que dans la mort !
Une superbe idée noire venait de traverser mes oreilles ! Fallait croire que Lauren en avait vu d'autre !
- Tu es pessimiste là !
Je disais ça mais je n'étais pas tellement en accord avec moi-même. Elle avait sûrement raison, déjà, si je n'étais pas morte, je n'aurais pas connu l'histoire des morts !
- Bon, il faut que je t'apprenne à te dématérialiser pour que tu puisses aller n'importe où !
Ouh la bonne idée qui venait ! La liberté totale suivrait cette leçon ! Il fallait la faire ! Quand on est mort et condamné à rester en vie, bizarre comme phrase n'est-ce pas ? Ben il faut savoir faire ça, c'est I-N-D-I-S-P-E-N-S-A-B-L-E ! Condamné à rester en vie car on doit côtoyer la vie, c'est plus clair ?
- Ce serait bien ça ! Parce que imagine que les inspecteurs aient essayer de me chercher dans tout l'immeuble ! Je n'avais aucune chance de m'en sortir.
Mais ils n'ont pas été assez intelligents !
- Alors je vais te montrer comment il faut faire.
Génial ! Euh, non, pas génial ! La dernière fois, les leçons avaient été un fiasco total ! Il ne fallait peut-être pas ? Ou alors, il fallait que je prenne des gants, et aussi que je la prenne avec des petites pincettes !
- D'accord, mais ne t'énerve pas ! Je ne suis pas forcément une bonne élève !
Voilà, je venais de dire quelque chose en faveur de mes petites expressions pensées avant qui revenaient au même ! J'avais pris mes précautions quoi !
- Si car tu as suivi mon conseil puisque tu a donné un bon coup à Cole !
Ah ben si, moi être bonne élève ! En tout cas, cette réflexion nous a donné un fou rire qui ne nous a pas lâché de suite ! Puis, on est remonté dans l'immeuble, au dernier étage plus exactement, pour que je prenne cette leçon !
- Ils ne reviendront pas ici !
Ben oui, ça c'était sûr ! Ils m'avaient déjà loupé !
- Pour le faire, il faut y croire !
??? De quoi elle parlait ? Ah, ben oui, du passage dans une matière ! Mais c'est toujours pratique cette phrase !
- Pour y croire, il faut le voir !
Moins pratique la réponse hein ? C'est comme dans Peter Pan, ils ont beau y croire, sans la poussière de fée, ça marche pas !
- D'accord, regarde un peu ça !
Elle se précipita dans le mur, la tête en avant et comme par magie, elle passa à travers ! Like Casper ! Impressionnant ! Et tout ça sans poussière de fée ! Et tranquillement, elle fit le chemin inverse !
- Tu n'es même pas obligée de courir ! Tu veux essayer ?
Essayer ?! Maintenant ?! Comme ça, sans plus d'explication ? Je n'étais pas très chaude !
- T'as pas d'autres conseils ? Non parce que là, je ne sais pas du tout si je vais y arriver ! Et encore moins comment faire !
Je me voyais bien m'étaler contre le mur, comme une crêpe comme dans les cartoons !
- Je sais pas quoi te dire ! C'est tellement évident pour moi que j'en sais rien.
Allez, je me décidai à sortir ma pensée de tout à l'heure !
- C'est comme dans Peter Pan de Walt Disney !
- De quoi ?
- Il sait voler et jamais il ne s'est posé la question de comment il a fait pour le savoir ! Puis, il découvre que les humains doivent utiliser la poussière de fée !
Hi, hi, hi !
- OK ! Mais là, il n'est pas question de poussière de fée ! Penses-y franchement ! Il faut que tu te vois passer à travers du mur. Au début ce sera comme ça ! il te faudra une bonne concentration et après, ce sera un automatisme !
Effectivement, il n'y avait pas besoin de poussière de fée !
- Tout a l'air si simple avec toi ! J'essaie.
Je ne le sentais pas, mais alors pas du tout ce coup là !
- Ne cours pas ! Comme ça, si tu te rate, tu te fera moins mal !
Merci pour cet encouragement Lauren ! Attention Angel, ne te prend pas le mur dans le nez, ça peut faire mal ! Je posai ma main sur le mur et poussai pour qu'elle passe de l'autre côté, mais pas de passage ! Je restais là, comme ça, à attendre que je puisse enfin passer, que je puisse jouer à Casper, je sais, je sais, il revient souvent celui-là !
- Il faut que tu y crois dur comme fer !
Je reposai ma main sur ce foutu mur, maudissant le jour de ma mort, maudissant les paroles de Lauren qui ne m'aidaient en rien ! Ça m'énervait ! Ça m'énervait beaucoup ! Tant pis, je fonçai dans le mur ! AIE !!! Oh non, je n'étais pas passé et je m'étais rouvert les poignets !
- C'est pas vrai ! Je ne suis vraiment pas douée ! Tout arrive si vite ! J'ai appris que j'étais morte et maintenant je fuis ! Quelle histoire !
Tout cette histoire me gonflait ! Pourquoi tout était si compliqué ? Mais dans tout ça, mon plus grand ennemi, c'était mon esprit ! Si fermé que je ne pouvais passé un mur !
- C'est pour ça que tu as du mal ! Tu as encore du mal à accepter ce qu'il t'arrive ! Essaie une autre motivation ! Trouve quelque chose pour laquelle tu ferais en sorte de passer à travers un mur.
Ouais, allez, tout n'était pas perdu ! Qu'est-ce qui pouvait m'aider à passer ce mur ? Qui pourrait me motiver à pouvoir dépasser toutes les limites ? Je repensai à ma mère, à ce qu'elle avait dit : "Ma fille vient de mourir et tu me demandes si ça va !". C'était une bonne motivation, qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire dans son bureau, fermé par une porte ? Je revis le visage de ma mère, quand elle s'est énervée contre ce type, et là, plus rien ne me retenais et je suis tombée par terre ! Quand je me relevai, je me trouvai face à un mur et Lauren n'était plus là ! J'étais passée ! J'étais passée ! Oh trop bien ! Ma professeur me rejoignit avec le même moyen de passage, elle souriait.
- Ben voilà ! C'était pas si compliqué !
- J'ai réussi ! Trop bien !
Je regardai le mur une nouvelle fois et affichai un grand sourire, une banane comme on dit !
- Tu peux réessayer si tu veux ! Mais quelle était ta motivation ?
Rien de plus simple à expliquer !
- Je voulais voir ma mère !
Et là, c'est le drame ! Lauren perdit son sourire ! Mais qu'est-ce que j'avais dit encore ?
- Il ne faut pas vouloir voir ce qu'il se passe de l'autre côté !
Quoi ? Mais qu'est-ce qu'elle me racontait là ? On était obligé de rester en contact avec la vie puisqu'on était coincé dans son esprit ! Et tout ce que j'avais laissé était de ce côté ! Je ne pouvais faire un trait !
- Mais, toute ma vie est là-bas !
- Je pense bien puisqu'on appelle ça le côté des vivants !
Je n'aimais pas son jeu de mot, je n'aimais pas ses idées à cet instant précis !
- La réponse à ma question est là-bas ! Je trouverai un moyen de la trouver !
Que pouvait répondre Lauren à ça ? Elle ne pouvait plus faire de jeu de mot !
- Quelle question ?
Finalement, elle m'écoutait ! Bien, j'allais lui dire ma question !
- Qui a osé me tuer ?


Bon, ben là, j'ai pas d'idée de conneries à mettre !